Le maire de Camon se réfère régulièrement à une obligation qui lui serait faite par la Métropole de construire des logements à Camon. Mais qu’en est-il réellement ? Sur quels documents s’appuie cette affirmation ? Et a-t-on vraiment besoin de construire à Camon et sur l’ensemble d’Amiens-Métropole ?
Le PLH estime un besoin de 210 logements à Camon sur 6 ans !
Le Programme Local de l’Habitat (PLH) d’Amiens-Métropole demande effectivement à Camon la construction de 210 logements (dont 42 logements sociaux) sur la période 2021/2027, soit 35 par an (800/an pour la Métropole). Il faut noter que les prévisions effectives indiquées dans le document (tableau page 17) sont au-delà de ce chiffre avec 241 logements envisagés quand Amiens envisage 3109 logements pour 3186 prévus! Notre maire qui appartient à la majorité d’Alain GEST d’Amiens-Métropole – en tant que vice-président – semble avoir l’ambition d’être le bon élève de l’équipe en faisant plus que demandé!
Accéder au PLH sur le site d’Amiens-Métropole : https://www.amiens.fr/Vivre-a-Amiens/Urbanisme-Logement/Programme-local-de-l-habitat
Cet objectif de construction est-il pertinent ?
On peut douter de la pertinence de cet objectif de construction à tout prix quand on estime qu’en 2021 environ 10 700 logements n’étaient pas occupés sur Amiens-Métropole, soit 10,7 % du parc total.
Pour mémoire le taux de vacances de logements ne cesse d’augmenter. Ainsi il était de :
- 6,7% en 2009 ;
- 8,9% en 2014 ;
- et donc 10,7% estimé pour 2021.
Pour mémoire, le PLH précise que les logements vacants jouent un rôle dans le marché, ils servent notamment à assurer la fluidité des parcours résidentiels. Il est admis qu’un taux compris entre 5 et 7 % assure suffisamment de fluidité.
Avec10,7% on est bien au-delà de cette fluidité supposée bonne pour le marché immobilier et ça ne devrait pas s’arranger car :
- Toujours dans le PLH et à propos de l’évolution démographique il est envisagé l’hypothèse « d’une forte progression de la vacance (+ 5 % par an) ».
- Le document précise aussi : «ce rythme est équivalent à celui observé au cours des dernières années et est jugé probable au regard de l’importance des volumes de livraisons attendus qui vont largement venir concurrencer l’offre ancienne, notamment en locatif».
Le SCoT (Schéma de Cohérence Territoriale) du Grand-Amiénois, un autre document d’orientation qui concerne aussi Camon, confirme :
- «Le niveau de construction neuve génère une augmentation de la vacance du parc privé» (page 21 de la Note d’Enjeux).
- Puis, «d’après une étude du CEREMA* réalisée en 2017, l’augmentation du nombre de résidences principales constatées sur le bassin d’habitat d’Amiens entre 2005 et 2015 s’est traduite pour moitié par l’augmentation du nombre de logements vacants».
- Et «si ces tendances se poursuivent, le taux de logements vacants pourrait atteindre 12 % en 2032».
* CEREMA : Centre d’Études et d’Expertise sur les Risques, l’Environnement, la Mobilité et l’Aménagement
Accéder au SCoT sur le site du département : https://www.somme.gouv.fr/content/download/33301/204027/file/NE_SCOTGA_vdef.pdf
On serait dans un contexte de croissance démographique ?
Et bien même pas ! Le dernier recensement de l’INSEE (RP 2015), sorti après la réalisation du diagnostic, met en évidence une croissance démographique positive de l’ordre de 0,1% par an sur l’ensemble de la Communauté d’Agglomération entre 2010 et 2015.
Pour nos 180 905 habitants (en 2018) 0,1% cela signifie un solde positif d’environ +180 personnes par an. Résorber le nombre de logements vacants (après rénovation évidemment) devrait donc largement suffire.
Les perspectives démographiques à long terme ?
Le Courrier Picard dans son édition du vendredi 25 novembre 2022 annonce :
- Hauts-de-France: 60 000 habitants de moins en 2070.
- Selon une projection dressée par l’INSEE à l’horizon d’un demi-siècle, la région perdrait 10 % de sa population.
- On n’a rien sur Amiens-Métropole mais dans ces prévisions notre département perdrait 65 000 habitants, d’ici 50 ans, soit 1 200/an.
Ce ne sont que des prévisions qui seront vérifiées ou pas mais, si on y ajoute le problème de l’explosion du nombre de logements non-occupés, y-a-t-il urgence à construire en défigurant une zone naturelle ?